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TELERAMA (1984)

 

L'APRES ROCK

Par Jean COUTURIER et Irène OMELIANENKO

Jeudi 26 janvier 1984 11h02/12h-13h30/14h-17h32/18h30

Jeudi 26 janvier, le Programme Musical France Culture ouvrira "ses portes", pour une série de cinq émissions, à la musique de "l'après rock" appelée également limite ou hybride. La difficulté rencontrée pour définir la nature même de cette musique révèle la complexité d'un phénomène musical qui louche tous les pays industrialisés que Jean COUTURIER et Irène OMELIANENKO s'attacheront à rendre plus familier.

En effet, bien que mondial, les médias rendent peu compte en France de cette expression musicale synonyme de rupture et de mutation. D'autre part, les protagonistes eux-mêmes refusant le lieu des circuits officiels restent en France confinés à un public d'initiés.

L"'Après Rock" ne peut cependant être ignoré tant sa démarche correspond à une époque. Il résulte d'une réflexion sur les transformations actuelles de la société occidentale et constate l'écroulement de l'art et de la culture, tels que nous les connaissons, en tant que contenu et finalité. La réponse réside en une attitude artistique qui va de la démarche "Ironique, parodique, mélancolique, exotique et suicidaire" (Anne GILLIS) à la "jouissance indifférenciée et nihiliste" (Die Form). Elle s'exprime chez des groupes comme Clair Obscur (France), White House (Grande Bretagne), Sex on Sunday (Belgique) et bien d'autres... d'une part, dans les refus de tout message, de toute définition musicale, de toute interprétation, d'autre part, conséquence de ce refus, dans la volonté de dépasser les barrières du langage, pour travailler sur les multiples possibilités du son, dans le désir de pénétrer dans le domaine de l'émotion pure et de l'inexprimable.

Leur thème, le morbide du monde moderne exploité dans sa réalité plutôt que dans ses fictions d'archétypes (chanson d'amour, de révolte). Pour exprimer cela, ils peuvent ainsi être amenés à créer une langue artificielle, voire utiliser des onomatopées, des hurlements. Tel est le propos de Clair Obscur dans un morceau comme "UBU T RAP PE" : des bribes de phrase sont superposées à des mots inarticulés ou surarticulés, le tout additionné d'un effet de son sur son, plaqué sur un martèlement de batterie. Cette recherche où la voix même devient un instrument rejoint les expériences de la musique d'avant garde "savante" ; le groupe anglais White House travaillant sur quelques fréquences en est un exemple frappant.

Ces préoccupations communes se retrouvent dans le désir d'abolir toute séparation fictive entre la musique, le spectacle, la vidéo, le graphisme, etc...

Ainsi tandis que la Musique Nouvelle Australienne s'oriente vers des "Performances", les groupes de l'après rock, cherchent une traduction visuelle de leur réflexion, équivalente à leur travail musical.

Jean COUTURIER et Irène OMELIANENKO illustreront leur propos par un concert donné le 20 janvier au lycée de Creil, par un grand nombre des participants à cette émission.