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REMEDES DESESPERES L'ALBUM N°1 - 1993
CLAIR OBSCUR n'est pas un groupe comme un autre, Formé en 1981 autour des deux frères Demarthe, ils ont su évoluer pour atteindre finalement une musique unique, mélange d'instruments acoustiques et "rock". Malheureusement, ces onze ans de carrière n'ont pas été de tout repos comme on va le voir.
Rencontre avec Christophe Demarthe le 23 novembre 1992, un mois avant la soirée organisée par Zebrock et ViSA, pour célébrer la sortie de leur quadruple compilation CD "Un Peu, Beaucoup, Passionnément, A La Folie". Soirée au cours de laquelle CLAIR OBSCUR allait offrir un excellent concert malgré des conditions pas toujours favorables.
En fondant le groupe, avais-tu une idée précise du concept CLAIR OBSCUR ou s'est-elle développée par la suite ?
Déjà on s'est toujours opposé à l'idée de concept. Je crois que c'est en 1983 que Thierry de ViSA a dit dans Le Monde Libertaire "CLAIR OBSCUR plus qu'un groupe, c'est un concept". Pour nous c'était évident que ça ne pouvait pas être un concept puisque c'était quelque chose de spontané. Au début de CLAIR OBSCUR, c'était en 81 quelques groupes nous plaisaient mais ils étaient déjà marginalisés. A Creil où l'on habitait tous à l'époque, cette musique qu'on aimait n'existait pas, et je crois qu'on a eu enve de faire quelque chose, parce qu'on ne trouvait pas de choses qui nous plaisaient ou les peu de choses qui nous plaisaient, on avait envie de les prolonger. Puis au-delà de ça, il y a une question plus profonde, c'est le besoin de créer.
Quels sont les groupes que vous aimiez â l'époque ?
TALKING HEADS, JOY DIVISION, THE CURE, des gens comme ça. D'ailleurs, c'est intéressant de voir aujourd'hui comment on a évolué par rapport à ça. II y a deux groupes que l'on écoute plus du tout, c'est JOY DIVISION et THE CURE. Ca me fait profondément chier cette musique là. Je crois que dans la musique des TALKING HEADS, il y a un facteur qui permet de dire que ça peut durer, c'est un certain recul, une certaine distanciation qu'il n'y a pas chez les autres.
Imaginais-tu à vos débuts passer du bruitisme de la première cassette au mélange du dernier album 7
Non justement, je ne pouvais pas l'imaginer dans la mesure où iI n'y avait pas de vision à long terme, ça correspondait à une urgence, c'était viscéral donc on ne se posait pas du tout la question "qu'est-ce que ça pourrait être dans dix ans ?". L'évolution s'est faite à chaque fois en écoutant la ponte antérieure, et puis il y a eu aussi une rupture par rapport à ce qu'on a appelé la première période qui était la période du cri. Je crois que si on continue à faire une musique qui est un cri, au bout d'un certain temps, on l'intellectualise, ce qui est un non-sens : comment un cri peut-iI être intellectualisé ? Donc ça perd de son essence, donc iI faut passer à autre chose ou arrêter.
Quel a été le déclic qui t'a poussé à créer des compositions mi-new wave, mi-classiques, et quand s'est-il fait ?
Déjà je n'aime pas ce terme "new-wave", je ne sais pas tellement ce que ça veut dire aujourd'hui. Je récuse le terme de new-wave de la même façon que je récuse le terme de classique. Disons plutôt mélanger des instruments acoustiques avec des instruments 'rock'. Je crois qu'on a toujours aimé les sonorités pures des instruments acoustiques. On a pu commencer à mettre ces sons-là à l'époque du TLP Déjazet en 1986, et un petit peu avant avec l'achat d'une machine qui est maintenant comptètement dépassée, l'émulator, et on avait des samples de cors, de vents. C'était clair que ces sons là nous plaisaient plus que de travailler sur des sons synthétiques. On n'a pas tellement la démarche de tripatouller un son pour tomber sur le cul en disant "ah quel son !". On préfère prendre des sons existants, plutôt des sons naturels d'ailleurs, et puis travailler sur l'écriure. On a plus une démarche d'écriture à partir du son, je dirais pratiquement conventionnel, que le travail sur le son lui-même. Et puis les sons des instruments classiques sont tellement variés, riches et beaux...
Il y a eu effectivement un déclic, c'était en 1986 lorsqu'on a fait ce concert au TLP Déjazet pour le festival des Musiques Mutantes organisé par Suburbia (dont a été tiré 'IN OUT" ndlr). Nous sommes invités à ce festival et quinze jours avant la date, on demande à voir la salle (ce qu'on aime bien faire en général) et là, on tombe dans un théâtre à l'italienne, avec tout ce que cela signifie. Le théâtre à l'italienne, c'est véritablement un utérus de velours rouge. On a eu l'idée de jouer sur le lieu même, de prolonger son aspect douilet, puis tout à coup de briser cette ambiance. L'idée pour arriver à cela, c'était de faire intervenir des hstruments classiques, puis de casser ça en jouant sur l'éclairage : au départ, iI y avat des diapositives de tableaux plutôt impressionistes, et d'un seul coup, les lumières revenaient.
On a utilisé ces instruments par rapport à ce projet, et on a décidé de garder ces sonorités pour la suite. C'est devenu uneparte intégrante de notre musique.
Vous n'avez sorti que quatre LP et fait une trentaine de concerts en douze ans. Comment expliques-tu cette relative paresse ?
Les quatre LP, c'est une raison toute simple : ce n'est pas parce qu'on a envie de sortir des disques que l'on peut les sortir ; même si actuellement, certaines choses ont l'air de se décoincer un peu. Les quatre années qui se sont écoulées entre "IN OUT" et "SANS TITRE" ne sont pas de notre fait : il y avait des titres emmagasinés, mais il y a eu des problèmes financiers pour sortir ce disque, "ROCK". Quant aux concerts, c'est un choix technique parce qu'on a une machinerie assez importante : on est huit musiciens, dont quatre "classiques", ça ne s'improvee pas au niveau du matériel qu'il faut réunie. En plus, on a une exigence au niveau du son, donc si on nous propose, comme peuvent le proposer la plupart des organisateurs français, un cachet de 400 ou 600 francs, ça ne couvre pas nos frais, on ne peut pas le faire... En général, on ne va donc pouvoir tourner qu'avec des centres culturels, c'est-à-dire des gens qui ont un budget, qui ne font pas ça pour de l'argent puisqu'ils en perdent.
Vous deviez sortir un LP en 1990, "ROCK" et vous aviez imaginé un système de pré-vente. Quel a été le résultat de ce projet original ?
Fiasco total puisqu'on a distribué pas loin de 400 tracts en demandant aux gens de jouer cette expérience : il s'agissait simplement d'envoyer 100 francs, et ça n'a pas du tout marché (il n'y a pas eu plus de dix retours). Enfin, il ne faut pas se leurrer, nul n'est indispensable, c'est-à-dire que si CLAIR OBSCUR s'arrête, le public trouvera d'autres groupes où trouver son compte... Je crois qu'il faut être lucide.
Vous avez participé à de multiples compilations. Pourquoi ?
Pour plusieurs raisons. Au départ, on ne s'est pas trop posé de questions, on a eu d'un seul coup beaucoup de demandes, et parallèlement à ça on arrivait assez ben à faire ce que l'on voulait (c'était en 1981 et les choses se faisaient assez facilement grâce à l'explosion des radios libres donc on donnait des titres. Puis à un moment, les demandes sont devenues trop importantes et ça commençait à devenir difficile de faire des disques, alors on a eu l'impression d'être vampirisé, d'émietter notre traval à droite et à gauche, là on a un peu tiqué. Mais dans le même temps, on a toujours eu le même discours qui consiste à affirmer qu'il y a autant oeuvre dans un travail en préparation que dans un travail fini et si on voulait être cohérent avec nous-mêmes, on pouvait donner aux compils des ébauches, ce que l'on a fait un petit peu et que l'on continue à faire. Par exemple, il y a quelque chose qui va sortir avec PRIKOSNOVENIE.
Comment vous-êtes vous retrouvés sur des compils étrangères ?
C'est Damien Chalaud qui s'en occupe. Il habile Londres et il fait le lien avec la Grande-Bretagne, les Etats-Unis, le Japon, plus d'autres pays comme l'Espagne, l'Italie, le Portugal. C'est son travail de prospection qu'il a mené et qu'il continue à mener à bien.
En donnant "Frorh" qui date de vos débuts à 'L'APPEL DE LA MUSE", n'as-tu pas eu peur de donner une image faussée de curistes attardés ?
II faut replacer les choses dans leur contexte : "Froh", c'est le tout début de CLAIR OBSCUR en 82. Je ne sais pas si c'est spécifié sur la pochette.. Non ? C'est une négligence.
A propos des vieux titres, presque tout le catalogue est épuisé. Quelque chose est-il prévu pour faire connaître vos anciens titres ?
On n'arrête pas de le prévoir ! Je n'ose plus le dire mantenant parce qu'à chaque fois qu'on l'annonce, ça ne se fait pas. On songe à retirer 'IN OUT' en CD et même le reste... Mais je pense qu'on va le faire. J'espère.
N'as-tu jamais été découragé par votre manque de succès et les problèmes financiers ?
Si évidemment. Découragé, je ne sais pas si c'est le terme parce que si on était découragé, on aurait peut-être arrêté. Ca ramène toujours à la première question (fondamentale) c'est-à-dire, le besoin de créer, indépendamment de la réaction des gens, si le besoin est là, il faut l'assouvir. C'est comme une envie de chier... Qu'est-ce que je suis gras ! (rires) Ce qui est rageant c'est par exemple de constituer des dossiers de subventions. Certains ont abouti heureusement, mais il y en a beaucoup d'autres qui sont revenus avec des réponses négatives. On a rencontré des gens très biens, très hauts placés qui soit-disant sont là pour aider les choses. Par exemple Bruno Lion, "Monsieur Rock; que j'ai rencontré au Ministère de la Culture ; il n'a pas été d'une efficacité torride. C'est un peu navrant quand on nous demande des dossiers comme ça parce qu'il faut faire ça très bien et on y passe du temps... Et là, la créativité en prend un coup parce que tout ce temps-là, c'est du temps en moins qu'on passe derrière ses instruments. Après une journée de tergiversations au téléphone, de courrier, on est assez écoeuré, on n'a même plus envie de se mettre derrière son instrument. Je crois que c'est ça le plus pénible. Le succès après, je veux dire, pfff... On sait très bien que ce n'est pas le fait du public, mais des médas, des grands médias. C'est pitoyable et ce n'est certainement pas ça qui va nous décourager, à la limite ce serait plutôt le contraire. D'ailleurs, la chanson 'En Avant La Musique" est dédiée à tous les animateurs de radio qui ne choisissent pas les disques qu'ils passent. Ce sont des gens qui sont petits, qui se succèdent, corme dans les cabinets ministériels. En gros, ça fait dix ans qu'on existe et qu'on continue à être diffusés, même si c'est de façon minime. C'est dérisoire tout ça.
La première cassette était très spéciale ; maintenant que vous faites une musique plus abordable, comment expliques-tu qu'elle soit relativement peu écoutée ?
C'est justement assez paradoxal. La première cassette a d'abord été tirée à 200 exemplaires (complètement autoproduite et enregistrée sur un 4 pistes) et rééditée en Angleterre, puis l'année suivante, ensuite en 88 sur vinyl, et enfn aux USA sur cassette. Finalement, c'est peut-être la cassette la moins abordable qui s'est le mieux vendue... Je crois que c'est dû à une perte de curiosité. Ca nous ramène encore à cette histoire des débuts des années 80 où il y a eu cette explosion, où les radios libres étilent vraiment des radios libres, et diffusaient ce genre d'expérience. Alors que maintenant, il n'y a plus grand monde.. Aujourd'hui, on dit dans la grande presse "vive les années 90, puisqu'en 80 il n'y a rien eu, c'était les années du vide", mais c'est faux ! Ce sont des paresseux les gens qui disent ca : ils n'ont pas fait leur devoir de journaliste, c'est-à-dire chercher un peu, car il y avait plein de choses bien comme TUXEDOMOON, VIRGIN PRUNES, PSYCHIC TV. Des groupes dont on n'a, soyons sérieux, jamais parlé (petitement seulement) et on dit qu'il n'y a rien eu ! II y a eu plein d'expériences intéressantes, simplement elles ont été marginalisées, alors évidemment comme ce sont les mêmes personnes qui ont marginalisé cette musique, elles ont beau jeu de dire aujourd'hui qu'il ne s'est rien passé, c'est tout le contraire. J'ai l'impression qu'au début des années 9O il se passe moins de choses qu'il ne s'en est passé dans les années 80 ; alors qu'on ne nous fasse pas prendre des vessies pour des lanternes I
Justement, à propos du dernier LP, a-t-il reçu un certain écho dans la presse, à part les fanzines ?
Il y a eu un article dans BEST, il y a quand même des gens qui font du boulot, indépendamment du reste du Journal : Emmanuelle Debaussart et Myrlam Léon. Il y a eu quelque chose dans BLITZ, le magazine musical portugais le plus important. Sinon, un titre est passé chez notre ami Bernard Lenoir (qui parait-il est quelqu'un de charmant) que Nicolas est allé voir. Lenoir en a dit beaucoup de bien, mais c'est vrai que c'est Barbaran qui a décidé de le passer... Sinon le responsable de FIP a, assez bizarrement, écouté et apprécié puis passé.
Savez-vous combien d'albums vous avez vendu ?
Moins de mille actuellement. Ceci dit, d'après ce qu'on nous a dit, c'est ni plus ni moins que la moyenne des groupes qui sont de la même mouvance que nous. Ca veut dire qu'effectivement il y a un problème : manque de curiosité, peur de se lancer, je ne sais pas ; choses qu'il n'y avait pas il y a quelques années.
Avez-vous déjà été contacté par d'autres labels ou inversement ?
Oui il y a quelques années puisque des disques sont sortis en Angleterre. Il y a aussi une expérience assez drôle il y a quelques mois ; j'ai reçu un coup de fil de BMG qui demondait à écouter. Je lui al envoyé un disque et j'ai reçu une lettre où le type disait en substance qu'il avait été surpris par la qualité de l'enregistrement et l'originalité des compositions mais que ses collègues ne partageaient pas son enthousiasme. C'est encore une fois une réponse assez saignante sur l'état des maisons de disques qui ne prennent AUCUN risque, si minime soit-il. Ils préfèrent signer le NIRVANA français ou le je-ne-sais-quoi français. Le jour où il y aura un CLAIR OBSCUR américain, ils se diront 'ah ben nous aussi on a quelque chose corme ce CLAIR OBSCUR américain !", je pense qu'ils sont incapables de se dire qui y a des groupes qui font une musique en France que ne fait aucun groupe étranger. Ca pourrait être un pari un défi, mais non, ce sont des suiveurs ces gens-là !
N'es-tu pas déçu ou surpris de voir qu'une grande partie de votre public est composée de corbeaux ?
Est-ce que l'habit fait le moine ? Je n'ai pas d'a priori sur la façon dont les gens s'habillent. J'imagine qu'en général ce sont des gens assez jeunes ; je crois qu'on est tous passé par là, cette façon extérieure de se démarquer. C'est dans la tête ce qui est important. Sinon, une fois, pendant un concert en 86, j'ai trouvé ca franchement ridicule quand quelqu'un s'est mis en positon de prière sur 'Santa Maria' (leur premier 45t ndlr).
Mais pourquoi tant de corbeaux alors que votre musique n'est pas spécialement cold ?
Peut-être à cause des anciens titres comme "Die Kinder Sind Allein". Je sais qu'on a été assimilé par un fanzine alemand à la musique gothique ; à tel point qu'on a eu un jour une proposition de tourner avec MEPHISTO WALZ et SHADOW PROJECT. Ils m'ont envoyé quelque chose, ça me faisait chier et j'ai refusé. En plus j'ai vu des photos où le type était avec une croix à l'envers, ce n'était pas possible, cette imagerie me fait chier ! Ca n'a pour moi ni queue ni tête. On en a rien à foutre de toute leur imagerie. Ils se méprennent sur notre discours. Mais heureusement, il y a aussi des gens habilléss normalement ! (rires)
Est-ce pour cela que vous êtes vêtus de blanc sur scène ?
Quand on a commencé à travailler avec des tableaux projetés sur scène, ils n'étaient pas simplement projetés sur un écran mais aussi sur les musiciens, d'où l'importance des vêtements blancs pour réfléchir l'image. Après on l'a gardé. Maintenant, si on décide de ne plus utiliser la diapo, je ne sais pas comment on s'habillera ; à la limite, d'une façon très proche de celle des musiciens classiques, c'est-à-dire en noir et blanc, mais surtout pas pour que le vêtement prenne une importance qui n'a pas lieu d'être.
Pourrais-tu encore interprêter "La Ballade Des Gens Heureux" sur scène (comme en 86) ou cela correspondait-il à une période défunte du groupe ?
Ce n'est pas mol qui chantait, c'était Gérard... Pour les lecteurs qui ne connaissent pas l'histoire : c'était une espèce de spectacle interactif où on mettait en scène un pseudo-jeu télévisé qui devait se casser la gueule à la fin. Un de nos acteurs devait dans le cours du jeu révéler une vérité sur lui-même, bref il avouait un crime. Le jeu s'emballait, et à la fin tout dérapait. C'était donc complètement écrit mais on n'avait pas prévu que dans les trois candidats réels du public, il y aurait ce type qui venait du centre de débiles légers d'à côté... Il s'appelle Gérard et se prend pour Gérard Lenorman, il est parti dans son délire et a chanté cette chanson. On s'est posé la question avant de la sortir sur disaue, parce que c'était quand même assez lourd. On a décidé de la mettre parce qu'au niveau dérapage, ça avait effectivement un sens puisque finalement il était une autre victime des dérapages possibles de la socété. On a voulu sortir de l'aspect pathologique de cet individu, pour voir le phénomène d'une façon plus générale, et montrer ce dérapage social.
Est-il important d'ajouter une touche ironique dans tes paroles ?
Cynique plutôt. Quand je parlais de la rupture par rapport à la première période, celle du cri, une fois que le cri est intellectualisé, il débouche sur le cynisme. Ce n'est pas choisi c'est là, c'est tout.
Comment se passe la composition des morceaux ? Composes-tu seul même la partie classique ?
Hicolas et moi composons, chacun séparément ou ensemble. Ceci dit, on ne sait pas encore comment on va évoluer. Là, on a trouvé une formule depuis maintenant deux ans avec des musiciens qui sont vraiment devenus permanents. Notre volonté c'est de faire en sorte qu'ils puissent intervenir également, parce que chacun a des choses intéressantes à dire, c'est évident.
Te sens-tu proche de groupes comme COLLECTION D'ARNELL-ANDREA ou IN THE NURSERY ?
Le premier, je ne connais que de nom. Le second, je n'ai qu'un disque d'eux et je n'accroche pas tellement. Bien sûr, il y a des groupes qui font des choses très belles, mais quand je parlais tout à l'heure du manque de curiosité, je pourrais aussi bien me lancer la pierre, puisque je n'ai plus du tout la même démarche qu'au début des années 80, qui était d'aller à New-Rose et de m'informer sur ce qui sortait... Et puis il y a le fait que je trouve mon compte dans la musique classique, et aussi qu'il y ait plein d'autres choses intéressantes : le cinéma, le théâtre, la danse contemporane...
Comment as-tu eu l'idée de composer pour une pièce de théâtre ?
Antigone ? Ce n'était pas une idée mais simplement une commande. Je pense que ça tient à la musique que nous faisons, le désir de faire une musique pour un film ou pour le théâtre nous tenait à coeur depuis longtemps. En plus c'était personnel parce que je l'ai faite tout seul cette musique. C'était une expérience magnifque parce qu'il y a eu un échange. Il y avait le fait d'écrire une musique sur ordiïateur avec des sons approchants et puis de l'entendre jouée par des instruments acoustiques, les cordes et les vents. Là j'ai tout découvert parce que je ne savais même pas ce qui pouvait être fait par tel instrument... En même temps, les musiciens (sauf deux qui sont partis) ont découvert une musique qu'ils ne connaissaient pas, qui leur a plu, c'était formidable.
Y'a-t-il eu beaucoup de morceaux écrits ?
Une vingtaine mais ce sont des morceaux très courts puisqu'ils suivent la pièce. Il y en a trois de sortis sur le dernier disque, deux qui ont été enregistrés pour "ROCK" (le disque bloqué) et un que l'on va donner à PRIKOSNOVENIE pour leur compil "TRES HORS". Si on avait pu trouver les moyens financiers pour les enregistrer dans leur intégralité, on l'aurait fait. C'est dommage d'ailleurs qu'on soit obligé d'en mettre trois sur un disque, deux sur un autre... On finira sûrement par les regrouper sur un seul disque.
Tu utilises des textes de Shakespeare, Heinrich Heine et Kafka. N'avez-vous pas peur de passer pour un groupe 'intello' ?
Déjà pour Kafka c'est une petite fable. 'Die Lorelei' de Heine, c'est le poème que tu apprends en quatrième quand tu fais de l'allemand. Ce qui est drôle d'ailleurs, c'est que quand nous avons joué à Vienne "Ich Weiss", les Autrichiens étaient morts de rire. Notre interprétation est évidemment plutôt humoristique. On a essayé de fan ça dans le disque en trafiquant la voix au maximum, avec ce côté téléphonique. Le texte que j'ai utilisé de Shakespeare n'est pas, encore une fols intello. "Timon d'Athènes" est une pièce de jeunesse, cela pourrait correspondre à sa période du cri : il sort toutes ses tripes, tout ce qu'il a à dire. J'ai trouvé que c'était assez fabuleux de voir comment ça pourrait coller à la réalité d'aujourd'hui. D'ailleurs, on l'a chantée en français au concert du TLP (version que l'on retrouve sur "BEAUCOUP" ndlr) parce que ça me semblait bien de sortir ça après dix ans d'existence du groupe, alors que sa période d'urgence est passée, pour bien montrer que tout ce qui est dit est dit d'une façon très lucide. En même temps, on dédie ce texte à Pedro Almodovar. Pour moi, ce texte de Shakespeare, je le rapproche d'une scène d'un de ses films 'Labyrinthe Des Passions' où Almodovar monte sur une scène et fait l'apologie de la marijuana sur une musique funk, pour remplacer un groupe arrêté pour quelques peccadilles, comme il le dit... (drogue, détournement de mineurs, etc).
Ecris-tu des poèmes ou des nouvelles ou ne t'exprimes-tu que par des chansons ?
Non, je suis complètement fermé à la poésie, c'est une tare ça... Et encore, les chansons... Pour moi, les textes n'ont aucune sorte d'importance, enfin les miens.
Quels sont les projets du groupe ?
II y a le festival de la Côte d'Opale où nous sommes invités, ça sera vraisemblablement à l'automne prochain. Après il y a d'autres choses mais comme on devient superstitieux et que tellement de choses n'ont jamais vu le jour, ce n'est donc pas la peine..