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OBSKURE (NOVEMBRE 2004)

Review du concert du 6 novembre 2004 au Festival Heaven's Gate, La Laiterie, Strasbourg (intégralité de l'article ici)

 

Clair Obscur sont très attendus. Pour faire monter la tension, c’est « La Ballade des Gens Heureux » de Gérard Lenorman qui nous accueille de son enthousiasme sans faille. Mais, rira bien qui rira le dernier, un plantage du mac casse l’entrée en scène et Christophe endosse le costume d’un monsieur Loyal dépité à la Buster Keaton, proposant des infos sur Clair Obscur, échangeant avec deux Allemandes du bord de la scène, réparant les puces du petit animal… Le concert peut débuter, les images choisies mettent dans l’ambiance, éclairage blanc minimaliste. Nicolas à la guitare se place en retrait tandis que le chanteur alterne titres éprouvants de l’album « Play » réédité ces jours-ci et morceaux plus récents, allant jusqu’à reprendre trois titres de CO2. On le sent en attente de réactions plus vives, plus virulentes et il choisit, comme à son habitude, de heurter, d’aller vers, contre, de provoquer que ce soit en lisant en allemand la Petite Fable* de Kafka, ou son histoire en anglais sur les deux frères, ou encore par le fredonnement fragile de « petit Créon »… Petite vanne sur les filles de la salle qui le scrutent et qui sont invitées à le rejoindre après, extrait de film projeté… L’ambiance chauffe progressivement, et même un semblant de pogo sur « Toundra »… La salle aime, entre vieux briscards et plus jeunes fans qui connaissent déjà tout. Clair Obscur c’est une nouvelle fois un dispositif qui interroge, pas un concert de rock stricto-sensu, mais un lieu d’expérimentation, d’échange, de proposition. Assurément les plus sombres de la soirée, les plus difficiles à appréhender, les moins directs. Oui, ils méritent notre attention, à condition d’être productifs aussi !

Discussion dans les loges avec Clair Obscur, pendant le concert suivant :

Notre rappel a été raté, nous devions jouer « Zeda » avec un ami qui était là sur place, Pierre Belouin d'Optical Sound qui a publié Cocoon mais on ne s’est pas compris avec les techniciens. Quand on est revenu vers la scène et qu’on a vu les lumières allumées et le micro embarqué, on a compris que c’était foutu…

« Froh » ne sera plus jouée. Les gens réclament sans cesse ce titre, on pourra le faire interpréter par des gamins et des gamines de vingt ans qui n’étaient pas nés quand on l’a composé, alors, là oui, on le jouera avec un chœur de ce type !

Le public est encore jeune ; je suis toujours épaté par le fait que des jeunes puissent nous écouter. En même temps, L'âge n'a rien à faire dans ces choses. Moi, j'écoute des vieilleries et des choses actuelles. Et de la fin des années 80 au milieu des années 90, je n'écoutais que des vieilleries car ce qui sortait (tous ces groupes à guitares de Manchester-Liverpool dont se régalaient Les Inrockuptibles me faisaient chier... Heureusement qu'est arrivée la musique électronique !)

Que Gérard à la Grange à Musique à Creil soit encore une anecdote connue, je n’en reviens pas, il y a des exégèses de Clair Obscur, c’est ça ?

La set-list se voulait large dans le temps car je me suis rendu compte que des morceaux composés à presque vingt ans d’écart pouvaient fonctionner ensemble qu’il y a bien quelque chose qui les unit, en dépit des ambiances diverses des albums respectifs.

« Petite Fable » peut effectivement être interprétée politiquement, on va dans un mur en ce moment, non ? Soit le chat, soir le mur, pas d’autres choix, il me semble. Cette situation explique en partie la reformation du groupe.
(Nota : « Hélas ! dit la souris, le monde devient plus étroit chaque jour. Il était si grand autrefois que j'ai pris peur, alors j'ai couru, j'ai couru, et j'ai été contente de voir enfin, de chaque côté, des murs surgir à l'horizon ; mais ces longs murs courent si vite à la rencontre l'un de l'autre que me voici déjà dans la dernière pièce, et j'aperçois là-bas le piège dans lequel je vais tomber.
- Tu n'as qu'à changer de direction », lui dit le chat. Et il la dévora.)

La reformation, (Nicolas prend la parole) n’est pas gagnée. Christophe souhaitait véritablement remonter sur scène sous cette formule. J’ai encore besoin de trouver mes marques, de reprendre mes repères. Si pour lui, tout est naturel, évident, pour moi, c’est plus difficile, ça a besoin d’être travaillé ! C'était tout de même le premier concert de CO après 7 ans d'absence et pour moi, un retour sur scène un peu fébrile. Faut en faire d'autres...

Le film du mur de Berlin m’a posé quelques problèmes. J’ai inséré des images de celui qui se construit en Israël, mais il y en a toujours trop, j’en enlève le maximum, pour simplement le suggérer, et même comme ça, j’ai peur que ce soit mal compris. Cette chanson, « Die Kinder Sind Allein » montre aussi qu’avec les pelleteuses du film on enterre le passé mais aussi l’avenir de ces enfants. Un mur se défait, un autre se construit, dans les deux cas, il y a des gamins qui ne se rencontreront pas.

La fille du bus a été filmée en Pologne, je la trouvais incroyable, elle a passé l’après-midi à cet arrêt, à déambuler, alors j’ai filmé ça, c’est assez triste comme situation, je ne sais pas ce qu’il leur faudrait en Pologne pour que ça puisse changer…

« Vivement Dimanche » est un film policier agréable à regarder. La musique (The Pilgrim's Progress) que nous avons collée sur cette scène du film en coupant le son crée une atmosphère différente, fait glisser cette scène ailleurs, dans un enjeu différent, et on se retrouve, juste par le truchement de ce trafic sonore, dans une ambiance beaucoup plus lourde, je pense, un peu à la Lynch. La qualité des images, telles que nous les projetons est dégueulasse, mais en même temps, on retrouve un travail de la matière, de la pellicule semblable à celui de l’appartement dans « Lost Highway » de Lynch. Je trouvais bien de montrer qu’on peut totalement transformer l’esprit d’un film en changeant la bande-son qui l’accompagne.

« Barake » sans ma sœur, oui c’est étrange, mais cela aurait été difficile de la faire venir de Bretagne jusqu’à Strasbourg pour un titre. Nous passerons certainement à Paris, alors là, oui peut-être… J’espère qu’autant de personnes se déplaceront !

A bon entendeur… De notre côté, nous espérons de nouveaux morceaux, mais aussi réentendre un jour « Les Auto-tamponneuses » (un must !) et plus sérieusement «Defini », « Mercredi », « We Went », « Still », « Multiple », « Ich Weiss Nicht » ou encore « Without The Walls ». Et merci pour tout !

Sylvaïn