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LE MONDE LIBERTAIRE (OCTOBRE 1986)

Nous sommes spontanément confrontés à cette réalité sociale qui est fondamentalement aspontanée... Le seul reflet spontané de cet état est une musique aspontanée. Nous hurlions la souffrance de cette vie, comme le font la plupart des groupes, mais nous nous plaisions en quelque sorte dans cette lamentation, nous finissons par sublimer notre misère, en faisant un esthétisme, et déjà nous avions quitté la réalité... Comment ce qui domestique le réel peut-il, lui-même, être considéré comme réel ? Les impératifs de l'art sont étrangers au monde économico-industriel et ne nous intéressent pas. Notre musique n'est pas un divertissement. Nous voulons replonger nos spectateurs dans leur vie quotidienne. Il est facile de provoquer un dérapage afin que chacun puisse contempler le vide. Cette société a fait le pari économique : assumons-le, assumons-nous. Julien Sorel est hypocrite par sincérité. (Clair Obscur)