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DUSK & DAWN (février 2005)

 

Prikosnovénie était à l'honneur ce soir-là avec deux groupes sur trois à l'affiche : Jack or Jive et Collection d'Arnell-Andrea, avec entre les deux Clair Obscur faisant son grand retour sous l'égide du label Infrastition (Cynfeirdd) qui a réédité récemment deux de leurs albums "In Out" et "Play".

La scène laissa d'abord la place aux deux japonais de Jack or Jive dans un décor mi-aquatique mi-aérien teinté d'ultra-violet. Deux arbres blancs et au centre entrait enfin Chako au chant si merveilleux. Costume de circonstance, toute de mauve vêtue dans une immense robe de fée, voix hypnotique malgré un problème technique qui obliga la belle à refaire son morceau plus tard durant le set, Chako ensorcella nos âmes vascillant au gré des mélopées bien plus électroniques qu'à l'accoutumée. Makoto lui, caché durant tout le show, ne vînt saluer le public qu'à la fin. Ils sortirent tous deux sous des ovations plus que méritées, celles de veinards qui assistaient là en excusivité à un concert français de ce duo étrange si rare en Europe.

Clair Obscur ne fit pas autant l'unanimité. Deux membres étaient présents sur les sept qu'à pu compter l'équipe il y a vingt ans. Non plus de décors ahurissants ni de costumes empruntés au Théâtre de la Cartoucherie de Vincennes. Ambiance revue et corrigée, soignée même, avec un ensemble donnant plutôt dans le style Covenant, laissant loin derrière d'éventuelles comparaisons avec Virgin Prunes telles qu'on aurait pu les faire à une époque pour le coup clairement révolue. Dès le début, le ton est donné avec deux Apple sur une table et un premier morceau "Blume" ("Fleur" en allemand) dont les paroles défilèrent sur de belles images animées de prairie : "Mein freunden, erfreuen sie sich und singen..." (Traduction : mes amis réjouissez-vous et chantez). En fait, on ne peut pas dire que leur côté "étrange" ait totalement disparu puisqu'on assista à un set des plus ecclectiques avec tantôt une petite partition d'accordéon, tantôt un riff agressif de guitare et deci-delà des tubes electro. Mais quelle déception d'entendre "Toundra" version technoïde bien moins flippante que celle qu'on peut entendre sur "Isolated tracks"- par exemple. En bref, ce concert signait là la résurrection du groupe mais certainement pas celui de la première génération. Il fallut comprendre une naissance tout court qui, prise à part sans aucune référence à un passé des plus délirants avec obscurantisme à outrance, fut alors somme toute satisfaisante. Reste à peine un peu de leur théâtralité, juste le temps pour les vieux fans de s'habituer et d'occulter leurs souvenirs afin de redécouvrir un Christophe Demarthe évoluant dans un autre registre, moins glauque et plus posé malgré la petite pointe d'excentricité qui lui reste fidèle.

L'atmosphère magi-mélodieuse de Prikosnovénie envahît à nouveau la salle grâce à la dernière entrée, celle de Collection d'Arnell-Andrea. Outre leurs mélodies déjà bien connues de nos oreilles, la première moitié du set fut elle aussi (puisque c'est la mode) très électronique pour petit à petit revenir vers des sonorités plus habituelles. Ce mélange entre voix éthérées, instruments classiques et rythmes synthétiques puissants fonctionna à merveille ! Un vrai régal de voir, comme à chacun de leurs concerts, des projections de petits films du début du siècle en super 8, d'assister à cette complicité entre Jean-Christophe d'Arnell et ses acolytes, de voir ces visages se souriant les uns aux autres et d'entendre la gentillesse de Chloé St Liphard -à la voix toujours aussi incroyable très proche de celle d'Alison Shaw (Cranes)- qui prit, là encore, un instant pour remercier les organisateurs.

On aurait voulu qu'ils ne s'arrêtent jamais de nous conter leurs doux rêves.

Dawn