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DOSSIER DE PRESSE (1990)

 

Au début du spectacle de CLAIR OBSCUR, «HARMONIE», les gens assistent en direct à une répétition. En quoi le travail d'une composition peut intéresser une personne extérieure à ce travail ?

C.O. : Mieux connaître le travail d'un artiste permet de percevoir ses oeuvres sous des angles nouveaux. Tentez l'expérience, allez assister à une répétition - là où tout arrive, là où naissent les idées - et vous verrez tout ce que cela peut vous apporter. On ressent les choses, ensuite, de manière plus critique, plus sensible. C'est un moyen privilégié de mieux comprendre l'oeuvre achevée.

En voulant entrer dans les coulisses, dans le décryptage de la création, n'y a-t-il pas le risque de briser la magie, la virginité de l'écoute ? En un mot, peut-on autant apprécier la musique après avoir découvert l'envers du décorv?

C.O. : II est nécessaire de briser cette magie enfantine produite par le beau spectacle pour montrer que la magie se situe bien plutôt dans le travail préparatoire.

Pendant le spectacle, les atmospères sont très différentes selon les morceaux. N'y a-t-il pas un risque de dérouter sans cesse le spectateur en lui imposant des changements de dimats pour en fin de compte lui faire perdre le fil du spectacle ?

C.O. : Un auditeur disait : «On ne peut pas passer tout à tour, au cours d'un concert, de morceaux classiques à des morceaux bruyants.»

Nous pouvons tout à fait envisager ce passage si la musique n'est pas considérée par l'auditeur comme une ambiance mais comme un espace dans lequel il décide de pénétrer, tout comme Alice décide de pénétrer dans le terrier du lapin puis de boire la potion pour pouvoir passer par la petite porte. Dès lors Alice va de l'avant et passe sans difficulté d'un monde physique à un autre.

Le risque d'un spectacle «rock» ou au contraire «doux» est justement de rendre le spectateur passif d'une certaine manière. Il s'y développe une ambiance linéaire, un confort, pour ne pas dire un conformisme. La brisure d'un morceau «doux» à un autre «dur» empêche de se laisser glisser dans une ambiance et oblige à une démarche active en troublant, interrogeant. Cela pourrait s'apparenter à du "CUBISME MUSICAL": briser une forme de concert pour assembler suivant une nouvelle organisation.

CLAIR OBSCUR a choisi de travailler avec des musiciens classiques en concert. Qu'est-ce qui a détenminé ce choix ?

C.O. : II est vrai que nous avons fait appel à 8 musiciens classiques. Mais il est à noter que ceux-ci ne constituent pas tout l'ensemble musical ; ils s'ajoutent à 8 autres musiciens : batteur, 2 percussionistes, bassiste, guitariste, pianiste, clavier et chanteur.

Depuis la création du groupe, nous avons été attirés par les sons acoustiques et aussi par leur mélange à des sonorités synthétiques. Ce qui nous intéresse, c'est la combinaison de ces sons entre eux.

Nous avons été séduits par un premier travail avec des musiciens classiques il y a 4 ans. Toute la dimension sonore, les harmonies créées étaient insoupçonnées. Depuis cette rencontre, notre musique élaborée sur des machines au départ, a été grandement enrichie.

Pourquoi démontrer la vanité de l'image à une époque où l'image, justement, a pris le pas sur l'écrit et même sur le son ?

C.O. : Certes l'image est un outil très puissant, très efficace. Elle a un effet sur les gens.

On ne peut pas dire que l'image soit vaine car elle est redoutable comme moyen sophistique (appeler communication ce qui n'est que propagande est un sophisme). L'image est vaine au sens où elle prétend avoir trouvé les solutions, elle donne une vision parfaite des choses qui ne le sont pas. C'est comme si vous preniez un album de coloriage d'un enfant et que vous gommiez tout ce qui déborde du tracé.

A la lecture du théâtre de Shakespeare, on pourrait penser que le paraître ayant une influence sur les gens est plus réel que l'être, mais ce serait accepter de vivre dans un monde illusoire qui prétend avoir trouvé toutes les solutions... F. Fellini nous donne à réfléchir une fois encore sur notre façon de recevoir l'image, notre rapport à l'image. Le cinéaste parle de consommateurs d'images et non de spectateurs. Pour Fellini, le spectateur a changé, il est impatient, prêt à recevoir en un temps très court une multitude d'images très rapides sans rapport entre elles.

La sensibilité à l'image s'est modifiée. Cette avalanche d'images a tténue le sens critique. Elle affirme au lieu de démontrer, elle suscite l'émotion plutôt que l'analyse.

Les différentes interventions des musiciens-acteurs au cours du sepctacle font-elles appel à des techniques théâtrales ?

C.O. : Nous empruntons aussi bien au monde du théâtre qu'à toutes les techniques visuelles : chorégraphie, projection sur les musiciens, éclairages...

Cela permet de jouer avec et de déjouer les codes usuels du spectacle et cela donne au spectateur à réfléchir au rapport qu'il a avec le spectacle en général.