LE CHEMINEMENT DU PELERIN (mai 1984)
Idée originale : Clair Obscur
Mise en scène : Clair Obscur
Décors : Philippe Touzard
Musique: Clair Obscur
II s'agit du premier spectacle que Clair Obscur présente à Paris.
Le décor est planté: une forêt clairsemée permet une fusion entre la salle et la scène; des feuilles mortes jonchent le sol (l'odeur d'humus emplit la salle); des branches dénudées sont plantées parmi les spectateurs et sur la scène; des éclairages soulignent l'illusion du soleil traversant le feuillage. Enfin, les bruits naturels de la forêt sont diffusés à l'aide d'une cassette.
Le spectateur entre donc dans un espace en mouvement, un espace vivant. Il assistera à une "tranche de vie" dans ce "monde clos".
Clair Obscur propose ici de s'interroger sur ce moment privilégié que constitue le temps de la représentation. Le public découvre un milieu qui vit en parallèle à la société, et ce décalage doit lui permettre de réfléchir à l'emprise du monde sur celui des artistes: quelle est l'interaction entre ces deux univers ?
L'histoire qui se déroule sur scène, quant à elle, est celle d'un individu voulant simplement être lui-même: "être 'soi', monsieur, c'est être le bon cheval, au bon moment, sur la bonne case, du bon échiquier ! Ou la reine, ou le fou, ou le dernier des petits pions." (Daniel Pennac).
Enfin, à la sortie du concert, pour renforcer la notion de décalage entre les deux univers, un journal daté du jour et racontant le spectacle avec des critiques, des commentaires et des photos à l'appui, est distribué.
Parmi les spectateurs qui se voient en photo sur le journal une heure et demi plus tard, certains ont l'impression que le temps s'est arrêté durant la représentation, que celle ci n'appartient pas au monde réel et leur a permis de vivre un moment à part, un moment de rêve.